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Dimanche 17 juin 2007 : Samarcande

Nous démarrons nos visites au musée du site archéologique d'Afrosyab (XIIIe au VIIe siècle avant J.-C.) de manière à comprendre l'histoire de la ville ; nous enchaînons avec l'observatoire d'Oulough Begh qui est proche et plus récent (1428), puis la magnifique nécropole des Timourides, récemment rénovée.

La Colline d'Afrosyab :

Nous visitons le Musée d'Histoire : il regroupe des objets découverts par les archéologues sur le site d'Afrosyab (ou Afrosiab) à partir de la fin du XIXe siècle: silex taillés, poteries, monnaies, outils, tombes, et les très belles fresques du Palais de Varkhouman du VIIe siècle av J.C.

Un peu d'histoire

L'occupation du site de la ville de Samarkand date du paléolithique inférieur. La ville est née d'une combinaison entre une colline au nord, naturellement protégée, et l'oasis de la rivière Zeravchan, permettant les cultures. Des fouilles entreprises au XXe siècle ont mis à jour des fortifications (longues d'après les manuscrits d'époque de 14 km), une citadelle comme dans toute ville d'oasis, des rues, des canaux.

La cité, Afrosyab, fut construite par les Perses au VIIe siècle av. J.-C., sur le plateau. La cité fut entourée d'un rempart et pourvue de plusieurs bassins de rétention d'eau alimentés par des canaux dérivés de la rivière Siab, d'où son nom. Les fresques que l'on voit au musée viennent d'un palais de cette époque (palais de Varkhouman).

S'adaptant aux changements politiques et aux attaques des nomades, les Sogdiens réussissent à bîtir un empire commercial. Leurs marchands sont présents dans toute l'Asie jusqu'en Chine.

En 329 av JC, Alexandre le Grand conquit la ville baptisée Maracanda par les historiens grecs. Il se heurte à une grande résistance des autochtones. Pour faciliter les relations, il pousse ses guerriers à se marier avec des filles du pays. Pour affirmer sa puissance, il fait élever de nouvelles fortifications dont on voit encore les traces aujourd'hui, près de la nécropole de Shah-i-Zinda. Véritables casernes fortifiées, les murailles comprenaient à l'origine une galerie interne sur deux ou trois niveaux pouvant abriter les soldats. Les Grecs  introduisent la culture de la vigne qui perdure après leur départ.

À la veille de la conquête arabe, Samarcande, toujours perchée sur la colline d'Afrosyab, est une cité riche, peuplée de commerçants et d'artisans réputés pour leur savoir-faire, où se croisent toutes les religions du continent, bouddhisme, manichéisme, chamanisme, zoroastrisme et christianisme. Elle est prise d'assaut par les conquérants arabes en 712. Malgré une résistance acharnée, Samarcande devient une ville musulmane. L'islam met 250 ans à se généraliser, les temples sont transformés en mosquées, les idoles sont fondues et les métaux précieux récupérés, non pas pour fondre de nouveaux idoles, interdits par l'islam, mais pour décorer les mosquées de frises végétales stylisées, géométriques ou calligraphiques. Les fresques des riches maisons de commerçants sont détruites à cause des représentations humaines, sauf celles qui ont été redécouvertes par hasard et sont exposées au Musée. Après la bataille de Talas en 751, où les Arabes capturèrent des artisans papetiers chinois, Samarcande devint le premier centre de fabrication du papier du monde musulman.

Samarcande fut détrônée au profit de Boukhara sous le règne des Samanides mais continua de briller. Les artisans travaillent le cuir, la soie, fabriquent du papier, du verre de couleur - qui ornait les fenêtres des maisons les plus riches - et de la céramique. La ville et ses jardins s'étendent au bas de la colline et la citée fortifiée devient le domaine réservé du pouvoir religieux et des militaires.

Le mathématicien, astronome et poète persan Omar Khayyam (1048-1131) y séjourna de 1072 à 1074, avant de s'installer comme Directeur de l'observatoire d'Ispahan en Iran à l'invitation du sultan seldjoukide Malik Shah Ier. Omar Khayyîm est considéré comme l'un des plus grands mathématiciens du Moyen Age mais ses travaux algébriques ne furent connus en Europe qu'au XIXe siècle. En 1074, il réforme le calendrier persan, introduit une année bissextile et mesure la longueur de l'année comme étant de 365,24219858156 jours (contre 365,242190 jours actuellement). Sur la fin de sa vie, il écrit des poèmes appelés « Rubaïyat » (persan: رباعى [robā`i]), ce qui signifie « Quatrains ». En voilà un :

« Sache ceci,
de ton corps, tu seras séparé,
tu passeras derrière le rideau,
tu ne sais pas d'où tu viens,
bois du vin, tu sais où tu es. »

La prospérité de Samarcande s'arrêta en 1220 quand Gengis Khan et son armée mongole déferlèrent. Pour s'en emparer, Gengis Khan sabota les canaux d'approvisionnement en eau. Les habitants abandonnèrent alors la ville haute et s'installèrent définitivement au pied de la colline.

En 1226, Gengis Khan meurt, laissant derrière lui des pays dévastés. Son troisième fils lui succède et une période de paix, la pax Mongolia ou paix mongole, période d'essor économique et de tolérance religieuse.

Samarcande mit près d'un siècle à se reconstruire mais, en 1340, sa population fut décimée par l'épidémie de peste, la même qui atteint l'Europe en 1347.

Un nouveau conquérant venu de l'Est profita du désordre politique résultant des ravages de l'épidémie : Tamerlan s'installa en 1360. Tamerlan choisit ce site pour sa capitale, qu'il édifia de l'autre côté de la rivière à partir de 1369, car elle est proche de sa ville natale Kech, renommée Chakhrisabz, «ville verte» en raison de ses nombreux jardins.

Il entreprit alors de reconstituer l'empire de Gengis Khan (Il a épousé une descendante de Gengis Khan). Il ravagea le Khorezm et détruisit l'ancienne Ourgentch, qu'il considérait comme rivale

Ses troupes sont sans pitié : chaque soldat doit ramener dix têtes d'ennemis. Celui qui en ramène plus peut en revendre aux autres soldats. Celui qui est en dessous du quota risque la peine de mort. Chaque soldat a écrit son nom sur un caillou et au retour de campagne on compte les absents qui n'ont pas récupéré leur caillou.

Tamerlan comprit aussi les avantages que pouvait apporter le commerce. Il dota Samarcande de superbes constructions, car tout au long des ses campagnes sanguinaires, il fit prisonnier des artistes qui surent embellir sa ville : sculpteurs et stucateurs d'Azerbaïdjan, carreleurs et mosaïstes de Chiraz, tisserands et céramistes de Damas, tailleurs de pierre et orfèvres de Turquie. Ils inventent le parement en céramiques sur toute la surface extérieure des bîtiments. Avec un matériau banal comme la brique et fragile aux intempéries, ils parvinrent à faire des édifices durables.

Ils savent aussi domestiquer l'eau pour alimenter canaux et jets d'eau, dans des jardins d'Eden. Les jardins produisent des melons, des fruits, en plus de l'agrément d'un espace frais, ombragé et fleuri.

À la mort de Tamerlan, ses descendants luttent pour le pouvoir, cinq années durant (de 1405 à 1409). Chah Roukh sort vainqueur et déplace la capitale à Hérat, dans l'actuel Afghanistan. Il nomme son fils Oulough Begh, écrit aussi Ulugh Begh (1394-1449), vice-roi de Samarcande. Oulough Begh  devient empereur à son tour mais il est assassiné par des fanatiques religieux.

Après sa mort, la vie intellectuelle et artistique des Timurides se concentre à Hérat en Afghanistan, en particulier chez son parent, le prince et mécène Husayn Bayqara (règne 1469-1506).

En 1507, les Timurides sont renversés par les Ouzbeks de la dynastie des Chaybanides. Lors du morcellement de l'actuel Ouzbékistan en trois khanats (Khiva, Boukhara et Kokand) qui interviendra par la suite, Samarcande est rattachée au khanat de Boukhara.

En 1868, elle passe sous domination russe, avant de devenir, de 1925 à 1930, la capitale de l'Ouzbékistan soviétique. Elle perdra cette place au profit de Tachkent en 1930.

Au sous-sol du Musée nous attend le clou de l'exposition : les fresques du VIIe siècle av. J.C.

Elles couvrent les murs tout autour de la pièce, soutenue par d'épais piliers. Un faible éclairage suffit pour distinguer, ici un cortège d'ambassadeurs, là une grande barque. Les représentants des pays vassaux du royaume sogdien apportent leurs offrandes : les Bactriens sont juchés sur des chameaux, les Turcs reconnaissables à leur longue chevelure sont à cheval, les Chinois et les Coréens aux cheveux courts portent des rouleaux de soie et des fruits. Autour, c'est la vie quotidienne des Sogdiens qui est décrite : chasse, pêche, élevage des oies, rites de la religion zoroastrienne. Des oies sont offertes. On les assomme avec une massue pour les éviter les souffrances. Le roi participe à une partie de chasse à cheval. Sur la barque, des femmes jouent de la musique.

Non loin du Musée, également sur la colline dominant la ville de Samarcande, se trouve le reste de l'Observatoire d'Oulough Begh

Un jardin en haut de quelques marches se termine en terrasse au-dessus de la ville. Au centre, un bîtiment bas contient le reste du sextant d'Oulough Begh. À droite, un bîtiment hexagonal est le musée d'astronomie. La salle principale est couverte d'un dôme bleuté qui représente le ciel constellé tandis que les salles inférieures détaillent les découvertes des astronomes.

Oulough Begh,  gouverneur de Samarcande et astronome, fit construire l'observatoire en 1428. On fit appel à de nombreux esclaves et même des éléphants pour déplacer les blocs de pierre. Un sextant géant est de 40 m de rayon et 63 m de longueur fut construit au fond d'une tranchée large de 2 m, creusée jusqu'à 11 m de profondeur dans la colline. L'arc est aligné sur un méridien de la terre de manière à mesurer l'inclinaison des étoiles. Aujourd'hui, on peut admirer le sextant en pierre, en bon état, avec les plaques de marbre graduées et des restes de rails métalliques le long desquels devait circuler le bras mobile en métal du sextant. Plus le bras est long, soit ici 40 m, plus la mesure d'angle est précise. Les astronomes devaient se coucher dans l'axe du bras et de l'étoile à observer pour en mesurer la position.

Oulough Begh étudia le ciel, inlassablement, à l'oil nu, sans l'aide d'optiques qui n'existaient pas à cette époque. Avec quelques 70 savants dont Qadi-zadeh Roumi (ou Kazy-Zade Roumi, qu'on surnomme « le Platon de son époque », al-Kachi et Ali Quchtchi, il détermina la position de 1018 étoiles, du soleil, de la lune et des planètes et calcula la durée de l'année avec une erreur de seulement 1 mn par rapport aux connaissances actuelles.

Mais ses travaux dérangeaient les fanatiques religieux. Son second fils, Abdul Latif, fut manipulé par ceux-ci. Il dit à son père : «  tu consacres trop de temps à observer le ciel, tu déroges aux traditions de l'Islam. Pour racheter tes fautes, fais le pèlerinage de La Mecque. » Oulough Begh prit le chemin de La Mecque et tomba dans un piège, en 1449. Non contents de faire disparaître l'homme de science, qui osait discuter de l'existence de Dieu avec ses étudiants, les fanatiques détruisirent ses réalisations et l'observatoire.

Heureusement, une partie des écrits fut sauvé et arriva à Constantinople.

Oulough Begh ne disait-il pas : « les religions se dissipent comme les nuages, la science reste. »

Deux ans après l'assassinat d'Ulugh Begh, Abdul Latif est assassiné à son tour et sa tête exposée au bout d'une pique avec cette notice : « voici le destin des parricides ».

Un historien russe, Viatkine, analysa les documents qui évoquaient cet observatoire et finit par le situer. Ses recherches aboutirent à la découverte des vestiges de l'observatoire en 1908.

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