Visites-Voyages

 Vendredi 19 Avril
 
Événements/Histoire du 19 Avril

choisissez une région,
un continent :



ou en France :
- Paris
- Île de France
- Province

russie Russie :
- Moscou (2004)
- le Kremlin
- le Kremlin, le soir
- Place Rouge
- Est de Moscou
- Sud de Moscou
- Ouest de Moscou
- Métro de Moscou

uzbekistan Ouzbékistan :
l'histoire de l'Ouzbékistan, Islam,architecture

   Tachkent - récit de voyage
   Khorezm - Étape 2
   Khiva - Étape 3
   Boukhara :
Historique
Étape 4
   - le désert Kyzylkoum
   - Poy-kalyan et la Mosquée
   - la vieille ville
   - la périphérie
   - le bazar
   - le soir
   Campement de yourtes : le récit de voyage
   - Nourata
   - Le campement
Samarcande : le récit de voyage
   - la nécropole de Shah i Zinda
   - Le Registan
   - Gour Emir
   - la mosquée de Bibi Khanoum
   - le marché, église orthodoxe et la gare


version à imprimer

Suite du journal de voyage en Ouzbékistan : Boukhara (page 5/7)

Visite du centre de la vieille ville :

En raison de la chaleur, notre visite reprend seulement à 15 h. Comme ce matin, le car nous dépose au départ de notre promenade, qui va aller du Liab-i-Khaouz (ou Lyabi Hawz), le " bassin sacré ", au cœur de la ville, jusqu'à la madrasa d'Oulough Begh, vers le nord. J'avoue avoir un peu de mal à me repérer, malgré le petit plan qu'on nous a remis et c'est de retour en France, avec un plan complet de la ville trouvé sur internet, que je visualiserai mieux les endroits où nous sommes allés. Les déplacements en car ne favorisent pas la bonne orientation. Il n'y a rien de tel que de circuler à pied dans une ville pour en comprendre l'organisation.

Liab-i-Khaouz est un vaste bassin de 45 m de long sur 36 m de large, bordé de vieux mûriers. Le bassin dispense de la fraîcheur même aux heures chaudes de l'été. A l'époque de sa grandeur, Boukhara comptait une centaine de bassins de ce type, dont le Liab-i-Khaouz est le seul survivant. A l'ombre des mûriers, les terrasses des tchaï-khanas (restaurants ou littéralement " maisons de thé ") sont un lieu de repos et de rencontre à tout moment de la journée, même tard le soir. C'est là que nous avons dîné hier soir et que se cristallisent nos premières impressions de la ville.

Une légende raconte qu'à l'emplacement du bassin, se trouvait jadis la maison d'une femme juive. Celle-ci refusa de déménager pour permettre la construction du bassin. Le vizir décida alors de creuser un canal de chaque côté de sa maison. Le vizir gagna la partie, car la maison rongée par l'humidité devint inhabitable. Cette histoire d'expulsion marqua les habitants de la ville, qui baptisèrent le bassin Khaouz Bazur : le bassin de la contrainte.

Quelques anciens à barbe blanche - on les appelle Aksakal en ouzbek - vêtus en caftan rayé et coiffés du bonnet carré ou d'un turban y passent leur temps, assis en tailleur, sur des sortes d'estrades qu'on appelle Tapchan. Ils jouent aux dominos, regardent le temps passer ou sirotent un thé. La société les respecte et il est d'usage de leur demander conseil pour les événements importants du quartier.

Le soir, les jets d'eau se déclenchent à la périphérie du bassin et chassent les derniers enfants qui plongeaient et nageaient pour se rafraîchir,

Face au bassin, une statue en bronze de Nasreddin Khoja juché sur un âne vient apporter un peu de dérision. On trouve de nombreuses orthographes de son nom (Nasrudin, Nasredin, Nasruddin, Nasr Eddin, Nastradhin, Nasreddine, Nastratin, Nusrettin) comme s'il avait voulu se tourner en dérision lui-même.

Nasreddin tient d'une main une pièce pour rappeler l'histoire de ce vizir, qui faillit se noyer dans le bassin. Il ne savait pas nager et ne savait qu'amener les bras vers lui comme s'il voulait amasser des pièces invisibles, par habitude de son avarice. Nasreddin tenta de le sauver : " que me donnes tu si je te sauve ", " tout mon or ", répond le malheureux. Nasreddin lui tendit une pièce : " alors viens la prendre et je te sauverai ". Le vizir fit les bons mouvements qui le propulsèrent à la rive et il fut sauvé. Par avarice, il était prêt à tout pour gagner une pièce. Quant à sa promesse...


et une autre historiette :

Nasreddin va à la mosquée. Les fidèles sont déjà rassemblés. Ils attendent car l'imam est décédé et ils ont décidé que le denier à arriver se chargera de mener la prière. C'est Nasreddin qui se présente le dernier. On lui explique qu'il doit mener la prière : " écoutez mes frères, fils de chiens, faites la prière à votre façon et rentrez chez vous ". Il revient le lendemain et il arrive le dernier. On lui demande encore de dire la prière et il leur dit les mêmes paroles.
Le troisième jour, il arrive à nouveau le dernier. L'assemblée s'agite et murmure. La moitié des fidèles dit qu'elle veut une prière car elle ne sait pas prier. L'autre moitié dit qu'elle sait se recueillir. " La moitié doit dire aux autres la prière à prononcer " décide Nasreddin.

Par dessus les cimes des mûriers se dessinent les somptueux pishtak (portails d'entrée) de la madrasa et de la khanaka Nadir Divan-Begui (ou Nadir-Divanbeg ou Nodyr Divan Beghi) qui se font face respectivement à l'est et à l'ouest du bassin. Pour mémoire, la Khanaka est un caravansérail pour les derviches pèlerins. C'est là que descendaient les hôtes de marque qui pouvaient y donner des conférences mystiques.

La Madrasa Nadir Divan-Begui (1622-1623) a bénéficié d'un style décoratif très riche, où le jaune et le marron viennent égayer la palette traditionnelle de couleurs des mosaïques. On pense que c'est une influence indienne. Sa façade est ornée de grands oiseaux simorgh, à la limite de ce que tolère l'islam (pas de figuration ni d'homme, ni d'être vivant sur les édifices religieux).

Au nord, un peu en retrait, la madrasa Koukeldash est plus ancienne car elle date du XVIe siècle (1568-1569), tandis que la madrasa et la khanaka Nadir-Divanbeg ont été construites en 1620 en même temps que le plan d'eau.
La madrasa Koukeldash est la plus grande madrasa de la ville : elle mesure 80 m sur 60 m et comprend 166 cellules réparties sur deux niveaux, dont certaines donnant sur l'extérieur.
Sa décoration est classique, à base de mosaïques de couleurs bleu, blanc et vert.

Nous longeons le bassin Liab-i-Khaouz en direction des coupoles marchandes, construites à la limite de l'ancienne ville. Elles datent du XVIe siècle. La Tok-i-Toulpak était réservée aux chapeliers, la Tok-i-Zargaron aux bijoutiers et la Tok-i-Sarrafon aux changeurs.
Chaque Tok comprend des marchands d'artisanats : soieries, poteries, miniatures, chapeaux, etc. L'air qui circule donne une impression de fraîcheur alors qu'à l'extérieur il fait plus de 30°. Les coupoles étaient reliées par un souk couvert, comme dans les pays arabes, mais ces ruelles sans doute mal entretenues ont été démolies par les Russes.

D'autres marchés étaient abrités du soleil : les Tims. En remontant la rue Hakikat vers le nord, le tim Abdullah Khan se trouve à droite après le bazar des chapeliers. Ce marché couvert fut construit en 1577. Il ressemble à une grande mosquée turque, dotée de plusieurs coupoles. Il abritait les vendeurs de soie Afghans. On y trouve aujourd'hui des soieries ikatées, tissées à la main, et des tapis de toutes provenances. Leur fond est rouge, couleur de la flamme des zoroastriens. Ils étaient faits principalement à Khorezm.

Non loin, se cache la petite Mosquée Magok-I-Attari. Elle est enfoncée dans le sol de près de 4,5 m, d'où son nom Maghok qui signifie " souterrain ".
Avant la conquête arabe se trouvaient à cet emplacement un marché et un temple bouddhique, puis un temple zoroastrien dédié à la lune. La première mosquée fut construite au IXe siècle sur les ruines du temple, comme il était d'usage à cette époque. Elle fut entièrement reconstruite au XIIe siècle et remaniée au XVIe. Elle avait pratiquement disparu du paysage urbain, cachée par des maisons, quand elle fut découverte, en 1839, par Chichkine, le même archéologue qui avait mis au jour le mausolée Samani, dans le cimetière. Elle est faite de briques comme le mausolée Samani. L'intérieur est lumineux, éclairé par des fenêtres dans la coupole. Elle possède des salles à l'étage en plus de salle principale.
Un jour par semaine, l'édifice accueillait le culte juif. Aujourd'hui, elle abrite un musée du tapis.

A côté de cette vieille mosquée, un terrain vague, transformé en jardin mal entretenu, une large rue et un hôtel trop moderne pour le quartier gâchent un peu l'environnement. C'est dans cet hôtel que je me rendrai pour faire du change où la caissière tentera de subtiliser 2 billets sur 100 (je l'ai raconté au début de ce récit). Cet hôtel est tenu par des Russes, reconnaissables à leur allure. Il faut s'avancer vers d'autres coupoles marchandes (Tok-i-Zargaron, bazar des bijoutiers) pour retrouver une ambiance historique. Sur le chemin, nous faisons une halte au vendeur de couteaux. Un feu entretenu par des journaux et bouts de bois au fond de la boutique donne l'illusion d'un atelier où se fabriqueraient les superbes couteaux pliants. Le chef, baraqué comme un soldat, moustache grisonnante, coiffé du bonnet carré brodé, plie et déplie ses superbes couteaux, découpe des arabesques avec des ciseaux en forme de cigogne. Ses doigts passent sous la feuille, ce qui autorise toutes les courbes. Ses produits sont simplement un peu plus chers que chez les vendeurs situés à 50 m.
Nous aboutissons aux Kosh madrasa, qui se font face, celle d'Oulough Begh et celle d'Abdoul Aziz Khan. " Kosh madrasa " signifie " deux madrasa ". au sud-ouest de la mosquée Bolo Khaouz, les deux madrasa Modar-i-Khan et Abdullah Khan sont également appelées " kosh madrasa " (nous dînerons demain dans la madrasa Modar-i-Khan).

· Liens · les arbres · European trees · 1600 poèmes · Les passions (récits) · contact ·
Cette page a mis 0 s. à s'exécuter - Copyright © 2000-2005