Visites-Voyages

 Vendredi 26 Avril
 
Événements/Histoire du 26 Avril

choisissez une région,
un continent :



ou en France :
- Paris
- Île de France
- Province

russie Russie :
- Moscou (2004)
- le Kremlin
- le Kremlin, le soir
- Place Rouge
- Est de Moscou
- Sud de Moscou
- Ouest de Moscou
- Métro de Moscou

uzbekistan Ouzbékistan :
l'histoire de l'Ouzbékistan, Islam,architecture

   Tachkent - récit de voyage
   Khorezm - Étape 2
   Khiva - Étape 3
   Boukhara :
Historique
Étape 4
   - le désert Kyzylkoum
   - Poy-kalyan et la Mosquée
   - la vieille ville
   - la périphérie
   - le bazar
   - le soir
   Campement de yourtes : le récit de voyage
   - Nourata
   - Le campement
Samarcande : le récit de voyage
   - la nécropole de Shah i Zinda
   - Le Registan
   - Gour Emir
   - la mosquée de Bibi Khanoum
   - le marché, église orthodoxe et la gare


version à imprimer

Journal de voyage en Ouzbékistan :

Khiva (page 3/5)

Poursuivons la visite avec la résidence du khan : la " vieille citadelle ", Kunia Ark. La résidence du khan comprenait deux parties : la citadelle adossée aux remparts ouest et le harem, au cœur de la ville, que nous verrons dans l'après midi. La citadelle abritait les bureaux de l'administration, l'hôtel des monnaies, des étables, un arsenal, une caserne et servait aux manifestations officielles. La vie intime se passait dans l'autre palais.
Le site du palais fortifié fut occupé dés le Ve siècle. Pendant plus d'un millénaire, plusieurs palais ont été détruits et reconstruits au même endroit. La plus ancienne construction encore debout est la tour qu'Ak Sheik Bobo, le Cheik blanc, fit construire au XIIe siècle. Le palais actuel a été construit en 1804 par Iltazar Inaq Khan, le fondateur de la dynastie des Kungrad (Kungrad est une ville située à 200 km de Khiva).
Nous passons la porte gardée et découvrons une large cour, avec en son centre un puits où une dame vient remplir son bac.
La fondation de Khiva est née d'une légende : le fils de Noé, Sem, s'arrêta son chemin, fit un somme et rêva d'un puits et de 300 torches allumées. Immédiatement, il fit creuser sur place et l'eau jaillit. Khiva est née autour de ce puits appelé Keivah. Il faut dire qu'en plein désert, il n'y a de vie et de village que s'il y a de l'eau. Une autre légende prétend que Khiva vient de l'exclamation " Eva ! ", qui signifie " Que c'est beau !", exclamation que prononçaient les visiteurs de cette ville devant toutes ses merveilleuses constructions.
Pour se rendre compte des merveilles de la ville il faut voir la cour de réception des ambassadeurs. Sur un côté, une salle ouverte est surélevée. Un pilier central de bois soutient le plafond de marqueterie. Les murs sont couverts de majoliques bleues et blanches représentant des branchages enlacés. Il s'agit d'un " iwan " (prononcer aïvan), typique de l'architecture trurco-moghole (on en trouve aussi en Inde, dans les palais). Le gouverneur ou le khan y siégeait pour les auditions des ambassadeurs ou toute réunion officielle. Au centre de la cour, une estrade ronde accueillait, devinez quoi… une yourte pour les invités. L'hiver, les nuits sont froides (mais il ne gèle pas) et la yourte garde la chaleur. L'été est chaud et la yourte ventilée restait agréable.
La majolique est un assemblage de plaques de céramique, de 3 cm d'épaisseur. Chaque pièce est peinte, numérotée et cuite, pour être fixée avec un clou en son centre. Elles ont tenu jusqu'à nos jours. Elles sont l'œuvre d'un artisan doué, dont on connaît le nom : Abdullah Djinn. Il utilisait trois couleurs : le blanc, le bleu et le vert. L'ocre est arrivée plus tard. Les motifs sont floraux (des pétales, des feuilles, des tiges qui s'enroulent en spirale), appelés islimi (qui a été traduit en Europe en " arabesque "), ou géométriques (étoiles, svastikas, dessins en "S", losanges à crochets) et dans ce cas le motif s'appelle Ghirih (d'un mot arabe qui signifie " nœud "). Ces motifs sont d'origine perse et on les retrouve dans toute la décoration y compris sur les tapis et les tissus. L'artisanat était subventionné par le gouverneur, et les artisans bénéficiaient d'ateliers ou kitabkhana où ils pouvaient former leurs élèves et chercher des innovations techniques ou artistiques. Les artisans voyageaient et pouvaient être appelés à travailler pour d'autres mécènes. L'art musulman de ce fait est assez homogène dans toute l'Asie centrale. Il répondait à des canons et des obligations incontournables.

Delà on peut aller au belvédère, accessible comme toujours avec des escaliers très raides. Il est établi sur le rempart. Je me rends compte que la lumière n'est pas des meilleures à cette heure ci. Mieux vaut y retourner le soir.
On revient sur nos pas pour découvrir, cachée au bout d'un étroit couloir, une autre merveille : un iwan plus beau et plus grand qui sert de mosquée. On se rend compte de cet usage grâce à la niche, le mihrab, qui donne la direction pour la prière, et les quelques marches du minbar pour les prêches de l'imam (l'équivalent, en plus petit, de nos chaires d'église).
Il y a trois types de mosquée : la mosquée de tous les jours, de petite taille, équivalente aux chapelles catholiques, en terme de répartition urbaine ; la mosquée du vendredi, déjà plus importante, et unique dans une ville. C'est la Jama Masjid et nous la verrons cette après midi. Enfin la mosquée réservée aux grands rassemblements, aux pèlerinages, qui ont lieu une fois par an. Compte tenu de la foule, à accueillir, ces mosquées sont à l'extérieur de la ville et pas dans toutes les villes.
Une autre occasion de pèlerinage sont les mausolées de saints hommes, et à Khiva il y en deux (le mausolée Said Alauddin et le mausolée de Pakhlavan Makhmoud).

Au fond de la cour de la mosquée, une pièce transformée en Musée évoque le Monnaie : on frappait une monnaie locale, en argent ou en étain suivant la valeur de la pièce. Plus tard sont apparus des billets en soie.

Madrasa Muhammad Rakhim Khan
Face à l'entrée du palais, de l'autre côté de la place centrale, se trouve la madrasa construite en 1871 par le khan Muhammad Rakhim qui régna sur Khiva de 1864 à 1910 (on trouve diverses orthographes de son nom (Mohammad, Muhamad, et Raxim ou Rakim). Il aimait la poésie et composa sous le pseudonyme de Ferouz (ou Firuz). On passe sous un porche pour découvrir l'immense portail décoré de majolique, un étage de cellules et des guldastas aux angles (petite tour d'angle coiffée d'un dôme de tuile vernissée bleu turquoise). Le portail donne sur une première cour entourée également d'un étage de cellules, toutes vides. La construction suit le plan carré traditionnel mais se caractérise par un passage voûté à 8 coupoles, le plus grand de Khiva, et par une seconde cour. Dans cette seconde cour, un câble est tendu pour des spectacles d'équilibristes.
Les salles de la madrasa abritent un musée consacré à l'histoire et l'art traditionnel.
Le musée contient des bijoux de nomades, chargés de pièces, de pierres rouges, qui ressemblent aux bijoux du monde arabe ou berbère. On voit aussi des photos prises au début du XXe siècle des derniers khans et du grand vizir, Islam Khodja. Islam Khodja était le beau-père et le grand vizir d'Isfandiyar II. Il voulut moderniser son pays. Il avait beaucoup voyagé et séjourné à Paris et à Saint-Pétersbourg, et collecté des informations sur les nouvelles techniques. Islam Khodja fit construire une filature de coton, un hôpital, un réseau de poste et de télégraphe, une école moderne (on verra sa madrasa). Il voulait prolonger la voie ferrée qui va de Tachkent à Boukhara jusqu'à sa ville. Il fut assassiné sur ordre du khan, Isfandiyar, alors qu'il regagnait de nuit sa résidence d'été. Isfandiyar II régna de 1910 à 1918. En 1917, les bolchevicks renversent le tsar en Russie. L'Asie centrale suit le mouvement. Le khan perd son trône en 1918 et est remplacé par son frère Saïd Abdullah : c'est une marionnette. Il exécute les ordres de Moscou. En 1920, il est renversé à son tour. Le khanat de Khiva disparaît. Le pays est coupé en deux, entre les deux républiques socialistes qui deviendront l'Ouzbékistan et le Turkménistan.

Quittons la madrasa, pour rejoindre les mausolées. Nous cherchons l'ombrage de quelques arbres pour fuir la grande chaleur. Le mausolée Said Alauddin est au fond d'une rue. Il s'agit du plus ancien monument de Khiva. Un mausolée à coupole et portail fut édifié au début du XIVe siècle autour du tombeau du cheik soufi Said Alauddin mort en 1303 (j'ai vu diverses orthographes phonétiques de son nom : Sayeed, Sayd, Sayyd, Saïd,…). Une ziatkhona, petite pièce par laquelle on accède au tombeau, lui fut adjointe sous Allah Kouli Khan, au XIXe siècle (le khan qui fera le caravansérail dont on parlera plus loin). La tombe couverte est majolique aux motifs végétaux bleus et blancs, oeuvre d'Amir Kulal, un céramiste de Boukhara. Il aurait dû être enterré aux côtés du cheik mais il mourut à Boukhara et la tradition interdisait que l'on fasse pénétrer un cercueil dans Khiva. Il resta donc à Boukhara. Malgré la présence de deux tombes, un seul corps repose dans le tombeau.

Sur le chemin, nous trouvons des ateliers d'artisans : ici, on travaille le bois, pour faire ses jolis lutrins. Les habiles menuisiers font des lutrins magiques, pouvant se poser en 3,6, 9, voire 12 positions différentes. C'est un jeu astucieux d'emboîtements que le maître réalise d'un coup de main magistral. Je ne vois pas d'utilité à ce genre d'objet, malheureusement. Plus loin, on teint le coton, par brassées de fils et dans les salles entourant la cour, des jeunes femmes assises sur des petits bancs, par 2 ou par 3 côte à côte, fabriquent des tapis. Elles nouent, à longueur de journée des milliers de fils suivant un dessin invisible qui prend forme sous nos yeux.

· Liens · les arbres · European trees · 1600 poèmes · Les passions (récits) · contact ·
Cette page a mis 0 s. à s'exécuter - Copyright © 2000-2005