Récit de voyage en Ouzbékistan : Le campement de yourtes Yangikashgan (ou Yangikazgan)

Après un parcours chaotique, nous arrivons au campement. Nos collègues nous attendent sous une tente, attablés devant des bols de thé. Les yourtes sont réparties en cercle sur un terrain en légère pente. À l'écart, un bidon d'eau suspendu permet de faire sa toilette. Les WC sont dans la nature ou dans une cabane plus éloignée. La végétation est rase, composée de petits massifs à feuilles vernissées pour éviter la transpiration.
La lumière est belle en cette fin de journée. J'assiste au harnachement des bêtes pour la promenade à dos de chameaux. Le chamelier dépose une couverture puis une selle et oblige l'animal à se lever pour nouer la selle solidement.





 

Nous nous répartissons en groupes, ceux qui feront l'aller à dos de chameau et ceux du retour. Les chameaux vont par deux, tenus en laisse par un chamelier. Il faut respecter l'ordre de marche : si l'un des chameaux s'arrête pour brouter des feuilles, toute la caravane s'arrête.
Le soleil déclinant étire nos ombres au sol. Le chemin s'enfonce parfois à l'ombre car le terrain est vallonné.
À l'arrivée, le groupe à pied qui a pris un raccourci nous précède. Il y a une ferme de chameaux et l'approche de cette ferme fait hennir de joie les femelles qui vont retrouver leurs petits : trois jeunes chameaux, pas plus hauts que des ânes, perchés sur des jambes étroites. Pour le retour, on propose à certains de prendre place dans une vielle Jeep. Le chauffeur ramène aussi du lait de chamelle que nous goutterons. Le goût est un peu amer. Par fermentation trois à cinq jours, on fabrique le "shoubat".
Tandis que le soleil plonge derrière l'horizon, je retrouve les chameaux, en liberté, qui broutent sur les collines. Les rayons du soleil embrasent les crinières rousses et dessinent des silhouettes magiques à contre jour.
La nuit tombe tout d'un coup et mieux vaut se munir d'une lampe de poche pour retrouver son chemin et éviter les trous ou les massifs d'épines.
Le guide nous apprend que les dunes sablonneuses sont peuplées d'une faune très diverse, loup, sousliks, chacals... et aussi de varans dont la longueur moyenne peut atteindre un mètre ! Heureusement, en général, ils évitent les humains. On peut aussi rencontrer des scorpions qui se cachent sous les pierres ou dans les endroits humides à l'ombre du soleil ou les falanga, araignées très venimeuses…

Le dîner est servi sous la tente : "bechbarmak", plat traditionnel kazakh à base de viande de cheval, de bœuf, de nouilles et de bouillon ("bechbarmak" signifie " les cinq doigts de la main " en kazakh), arrosé de vodka locale, un vrai tord boyaux. D'ailleurs deux membres de notre groupe en abusent et passeront une horrible nuit, et une journée pire encore demain, incapables de se déplacer, nauséeux assis ou debout…. Ils s'en souviendront longtemps, les pauvres.

La soirée se poursuit autour d'un feu de bois : chansons " Akyn " et danses. Les danseurs sautent au dessus du feu. Les étincelles fusent comme un feu d'artifice à chaque passage. Je me tente à l'exercice qui est plus impressionnant que dangereux. Le passage au dessus du feu est certes très chaud, mais tellement fugitif qu'on ne risque pas grand-chose. L'alcool aide à braver tous les dangers !

Nous passons une nuit agréable, sauf nos collègues de la yourte voisine qui rendent toute la nuit leur dîner et tout ce qu'ils peuvent. Conséquence dramatique de l'abus d'alcool.

Samedi 16 juin 2007 : Yangikashgan - Baymourat - Lac Aydar Kul - Nourata - Samarcande

Au petit matin, je profite de la lumière encore pâle pour photographier notre site : le vallon où se serrent les yourtes en vaste cercle et le cercle plus petit formé par les tabourets bas de toutes les couleurs, en plastique, autour des cendres du feu. Une mauvaise surprise m'attend : je ne retrouve plus me lunettes et crois les avoir perdues quand j'ai sauté au dessus du feu. J'ai beau chercher à genoux, je ne trouve rien. Plus tard quelqu'un brandit une paire de lunettes trouvée à côté de son couchage : je me souviens alors qu'hier, avant le saut endiablé, j'avais glissé mes lunettes dans ma yourte. Dans la nuit noire, je m'étais trompé de yourte.

Après le petit déjeuner, nous retournons avec les mêmes véhicules antédiluviens qu'hier, vers le village de Baymourat, de manière à reprendre notre car confortable, en direction du lac artificiel Aydar Kul à 22 km.

Le lac Aydar Kul (on trouve diverses orthographes : Aïdarkoul, Aydarkul) a été créé dans les années 1970 à la fois comme réservoir écrêteur de crues du Syr Daria et pour irriguer les champs de coton au printemps. Les Soviétiques ont construit ces ouvrages en échange de carburant et gaz à bon marché. Bien sûr l'éclatement de l'URSS et l'indépendance des pays d'Asie centrale ont modifié les bases de cet accord et des rivalités sont nées entre les pays riverains du Syr Daria.

Aujourd'hui long de 280 kilomètres et large de trente cinq kilomètres, il contiendrait plus d'eau que la mer d'Aral (capacité de 5,2 milliards de m3). Ses eaux sont très poissonneuses ce qui attire les oiseaux migrateurs. On peut s'y baigner.
Nous prenons un pique nique sur les bords du lac, sous une tente car il fait très chaud. Soudain, une bourrasque soulève la toile qui se détache de son poteau et retombe sur nous, effarés.

Vers 13h, nous repartons pour Nourata et Samarcande.
Le désert est assez monotone, sauf quelques montagnes au loin, à la limite de Nourata.
À Nourata, nous visitons le complexe religieux de la source sacrée "Chachma-I-Nouri" que j'ai décrite plus haut.


 

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