Historique de l'Ouzbékistan En 5 000 av. J.-C., l'oasis de Boukhara était une zone de marécages
du fleuve Zeravchan, ancien affluent de l'Amou Daria. Mais avec la désertification
de la région, le fleuve n'a plus eu la capacité de rejoindre l'Amou
Daria, aussi s'est mis en place un delta intérieur qui fut aménagé
par les premiers habitants de la région. Actuellement, les eaux sont
amenées par canaux depuis l'Amou Daria grâce à des pompes
et non par gravité. En 892, l'émir Ismail Samani fonde un nouvel Etat, le premier Etat musulman indépendant de la région et fait de Boukhara sa capitale. Il règne sur l'Ouzbékistan actuel, mais aussi sur le Tadjikistan, une partie de l'Afghanistan et de l'Iran. Mais les Samanides ne restent que peu de temps au pouvoir car ils sont renversés par un de leurs vassaux originaire d'une famille turque d'Afghanistan, Mahmoud de Ghaznî, à la fin du Xe siècle. Toutefois, la ville conserve son importance religieuse. C'est à cette époque que sont construits le minaret Kalon, la mosquée Magok-i-Attari, la mosquée Namazgokh et le mazar Tchachma Ayoub. Au milieu du XIe siècle, son empire subit une nouvelle invasion, celle des Turks Seldjoukides, venus de l'est de la mer d'Aral, qui vont poursuivre vers le Proche-Orient. A partir de 1220, une nouvelle vague déferle sur le pays : l'invasion mongole de Gengis Khan. Il livre la ville au pillage. Une grosse partie de la population de Boukhara est épargnée et emmenée de force avec le conquérant nomade. Déguisés en guerriers mongols, les Boukhariotes permirent, lors de la prise de Samarkand, de donner l'illusion d'une armée bien plus nombreuse et puissante qu'elle ne l'était en réalité, et facilitèrent la conquête de la ville. Quoi qu'il en soit, il ne restait de Boukhara, après le passage de Gengis Khan, que le mausolée Samani, qui ne dut son salut qu'aux mètres de poussière et de sable qui le recouvraient déjà, et le minaret Kalon. Boukhara était une étape sur la "Route de la Soie" et les caravanes traversant le Kyzyi Koum pouvaient voir la flamme qui brûlait en permanence tout en haut du minaret Kalon, le phare du désert. Le père de Marco Polo, Niccolo, et son oncle, Matteo, se sont rendus
à Boukhara par la route traditionnelle de la soie vers 1260. Boukhara ne connaîtra un nouvel âge d'or qu'au XVIe siècle,
sous les Chaybanides, une nouvelle dynastie née de la fusion de tribus
ouzbeks. En 1500, Mohamed Chaybani Khan s'empare de Boukhara, et Abdullah Khan,
son successeur et fédérateur des tribus ouzbeks, en fait la capitale
de son nouvel Etat. Le khanat de Boukhara durera jusqu'à l'invasion russe
à la fin du XIXe siècle. Convertis à l'islam au début
du XIVe siècle, les ouzbèks reprennent les travaux d'embellissement
à Boukhara (et à Samarcande) : bâtiments religieux comme
les madrasas Koukeldash, Modari Kahn et Abdullah Khan, ou la mosquée
Baliand, mais aussi toute une infrastructure commerciale, des tak, ces carrefours
à coupoles, des tims (marchés couverts), des caravansérails,
des sardoba et des ponts. Les frontières du khanat s'élargissent
notablement. Les Chaybanides règnent sur le Khorezm, le Khorassan, le
Ferghana, Tachkent et Balkh. Mais des événements qui se déroulent à des milliers
de kilomètres vont bouleverser le destin de l'Asie centrale et de Boukhara
: le Portugais Bartolomeu Dias double le Cap de Bonne-Espérance, en 1488,
et ouvre la voie maritime de l'Inde et des trésors de l'Asie. Sur sa
trace, Vasco de Gama, contourne l'Afrique en 1497 et atteint l'Inde en 1498. Mais le tsar russe a des ambitions en Asie centrale qui sonnent le glas du
rayonnement de Boukhara : la ville est prise en 1868 et le médersas sont
progressivement vidées. En 1920, les communistes prennent le pouvoir
dans l'empire soviétique. La ville est prise par le général
Frounzé, en 1920. Le khan s'enfuit et se réfugia à Hissar
près de Douchambé, puis en Afghanistan. Les bolcheviks bannissent les religions, ferment les médersas, brûlent
les livres sacrés. Boukhara dépérit doucement, perdant
la moitié de sa population et voyant s'écrouler la plupart de
ses monuments faute d'entretien.
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