Poterie en Chine
L'époque Yuan (1280-1368) inaugure l'âge classique de la
porcelaine chinoise. L'essentiel est dès lors découvert
: corps blanc et translucide, décors peints (sur et sous couverte),
gravés, ajourés, en relief. Les dynasties Ming (1368-1644)
et Qing (1644-1911) se signaleront par la variété des procédés,
des formes, des décors, et par des recherches techniques inédites.
Les bleu et blanc de la dynastie des Yuan sont décorés de
manière simple et solennelle. Sous la dynastie des Ming, surtout
sous l'ère Yongle et Xuande, les motifs sont beaucoup plus compliqués
et ont souvent des fleurs comme sujet. S'agissant des bleu et blanc des
règnes de Kangxi et de Qianlong de la dynastie Qing, les tendances
de la pureté et de la finesse sont devenues évidentes. La
diversité des réalisations permet de suivre l'évolution
de la porcelaine du XIVe au XIXe siècle et de la dater.
Le bleu et blanc :
On peint le décor directement sur la pâte à l'oxyde
de cobalt, puis on recouvre le tout d'une glaçure transparente.
La cuisson s'opère sous une température d'environ 1300 degrés.
La couleur pénètre dans la pâte et présente
un motif d'un bleu foncé et élégant.
A Jingdezhen circule une histoire touchante concernant l'origine du bleu
et blanc.
« Au début de la dynastie des Yuan, vécut une fille
qui s'appelait Liao Qinghua. Son fiancé Zhao Xiaobao était
graveur de motif dans une fabrique de porcelaine. Chaque jour Xiaobao
travaillait durement la pâte. Et cela bouleversait tellement Qinghua
qu'elle se décida à aller chercher dans les montagnes une
couleur qui puisse être peinte directement sur la pâte. L'automne
céda sa place à l'hiver et Xiaobao n'avait encore aucune
nouvelle de Qinghua. Ne pouvant plus rester tranquille, il monta dans
les montagnes pour rechercher sa fiancée. Malheureusement, il la
trouva morte à côté des pierres qui dégageaient
un rayon bleu. Plus tard, Xiaobao réussit à préparer
une couleur avec ces pierres. Le motif fût peint avec cette couleur
et un nouveau genre de porcelaine naquit, ayant le motif bleu sur fond
blanc. Pour se souvenir de la fiancée de Xiaobao, on baptisa ce
genre par le prénom de Qinghua, qui signifie en chinois la fleur
bleue. »
Les grands "bleu et blanc" du XIVe siècle, vases et
plats, sont surtout destinés à l'exportation vers l'Asie
occidentale (importantes collections à Istanbul et à Téhéran).
Au début du XVe siècle, la matière devient plus fine,
le décor s'allège ; désormais, une grande part de
la production, strictement contrôlée, sera destinée
à la cour, et ces pièces impériales porteront les
marques des règnes successifs (nianhao). De styles très
divers, ces bleu et blanc domineront la production des Ming, avec une
période très brillante encore au milieu du XVIIe siècle
et au début des Qing. Une autre couleur de grand feu, le rouge
de cuivre, plus difficile à manier, sera moins utilisée
Le bleu et blanc avec des tâches de riz est un autre genre majeur
issu du bleu et blanc. Les tâches de riz ou gouttes d'eau sont en
fait des cristaux de glaçure.
Pendant la dynastie des Song, les ouvriers de Jingdezhen fabriquaient
des brûle-encens pour le palais impérial. Et comme chacun
sait, sur le couvercle d'un brûle-encens, il y a des trous pour
laisser sortir la fumée. Un jour, au cours d'une cuisson, la température
du four était trop élevée, le vernis commença
à fondre et à couler dans les trous du couvercle. Quand
les ouvriers ont sorti les brûle-encens du four, ils ont remarqué
des petites taches transparentes qui étaient du plus bel effet
sous le soleil. Dès lors, les ouvriers de Jingdezhen ont essayé
de produire une nouvelle sorte de porcelaine, en creusant sciemment des
trous dans les poteries non cuites. C'est à l'époque du
règne de l'empereur Yongle des Ming, de 1403 à 1424, que
la technique s'est vraiment développée.
Le bleu sous couverte sera, à partir du XVe siècle, rehaussé
d'émaux de petit feu, combinaison qui donnera naissance aux wucai
, "cinq couleurs", et aux doucai , où les contours seuls
sont bleus. Sous Kangxi (1662-1722), la découverte d'un émail
bleu conduit aux effets plus homogènes de la "famille verte",
dont la vogue se substitue à celle des bleu et blanc. La palette
(rouge, vert, jaune, noir) se transforme vers 1720 par l'emploi d'un rose
rubis : le XVIIIe siècle sera celui de la "famille rose",
d'une grande délicatesse sous Yongzheng (1723-1735), plus chargée
et composite sous Qianlong (1736-1796).
Les "biscuits", dont les émaux sont posés non
sur la couverte mais sur le corps nu, ont des tons plus sourds ; leur
apogée se situe sous Kangxi (vases à fonds noirs, statuettes,
etc.). Les émaux et les couleurs de grand feu sont parfois combinés
deux à deux et souvent employés en monochromes (sang-de-buf,
"blanc de Chine" du Fujian [Fou-kien], jaune impérial,
vert pomme, etc.). A toute cette production classique s'oppose celle,
plus fruste, d'un décor spontané et libre, qui s'adresse
à l'exportation et provient souvent d'ateliers provinciaux : modèles
divers pour le Japon, porcelaines émaillées "de Swatow"
(Shantou) pour l'Asie du Sud-Est.
Jingdezhen au Jiangxi fournit des bleu et blanc sous les Ming et, à
partir du XVIIe siècle, des porcelaines "de commande"
(services armoriés, par exemple), copiés sur des modèles
transmis par les Compagnies des Indes.
Jingdezhen signifie la « ville », selon l'ancienne division
administrative, de « Jingde », nom de règne de l'empereur
Zhenzong (998-1022) de la dynastie des Song du Nord. A cette époque,
les produits céramiques de cette ville étaient tellement
appréciés de l'empereur Zhenzong qu'il a décidé
de nommer cette ville par son nom de règne.
Auparavant, la ville s'appelait Changnan. Quand la ville s'appelait encore
Changnan, sa porcelaine était déjà réputée
dans le monde entier. Beaucoup de commerçants étrangers
y venaient. A ce moment-là, les étrangers ne connaissaient
pas le nom de ce pays. Ils ont donc appelé ce pays « Changnan
», où les produits céramiques étaient très
connus dans tout le pays et dans le monde, doù vient le nom
« Chine ». Pendant l'ère Chenghua de l'empereur
Zhu Jianshen (1447-1487, règne : 1465-1487) des Ming, les
artistes de Jingdezhen ont créé le doucai, art qui combine
la technique du bleu et blanc et celle de la peinture sur glaçure
dans un objet.
Le wucai fit sont apparition sous le règne
de l'empereur Kangxi (1662-1722) de la dynastie Qing. Wucai signifie en
chinois "cinq couleurs". C'est donc une sorte de peinture sur
glaçure avec cinq couleurs. Sous le règne de l'empereur
Yongzheng de la même dynastie, les gens se servaient des émaux
et autres minéraux pour compléter le wucai. Puis la couleur
blanche fût introduite pour faire ressortir les couleurs. Le style
tendre et hamonieux est devenu la marque de l'ère Yongzheng.
Les porcelaines wucai sont décorées de motifs qui sont surtout
dans les tons de rouge, vert, ocre et violet, mais parfois aussi doré,
bleu de cobalt, noir etc. À mesure que la technique wucai s'est
développée, le vernissage fencai est né et il est
devenu un joyau de l'art porcelainier de la dynastie des Qing.
L'histoire du fencai :
« Fen » c'est la couleur rose, « Cai » désigne
la couleur.
Le Fencai a été créé à la fin du règne
de l'empereur Kangxi (1662-1722) de la dynastie des Qing, sur la base
de wucai que l'on peut traduire littéralement par cinq couleurs.
Tout d'abord, on recouvre une poterie non cuite d'un vernis incolore.
Après la cuisson, on peint par dessus et on met la poterie de nouveau
à cuire, mais à une température cette fois-ci inférieure
à 800°. Au-delà, les couleurs ne tiendraient pas.
Les motifs de la porcelaine fencai sont beaucoup plus variés que
dans le blanc et bleu :
On peut ainsi décorer la porcelaine de feuilles de palmier, de
fleurs, d'oiseaux, d'insectes, de poissons ou de papillons et parfois
cela peut être des personnages, le plus souvent des jolies dames
de l'antiquité.
Le Jihong, « rouge sacrificiel »,
est constitué de glaçures de couleurs à haute température.
Le Jihong est caractérisé par une couleur rouge sobre et
élégante. La couleur du vernis est uniforme. Le haut de
la poterie est constitué d'un cercle blanc. Selon la légende,
cette sorte de poterie était commandée par un des empereurs
de la dynastie des Ming.
Parce que son nom de famille était Zhu, et qu'en chinois Zhu désigne
également une teinte de rouge, l'empereur fit créer à
Jingdezhen une poterie d'un rouge élégant et distinct pour
les offrir aux ancêtres. Mais après nombre de tentatives,
les ouvriers n'arrivaient toujours pas à reproduire la même
teinte. Et s'ils ne parvenaient pas à atteindre le résultat
demandé, ils craignaient tous d'être condamnés à
mort par l'empereur. Tout le monde était extrêmement tendu.
A la veille de la date butoir, la fille du chef du four fit un rêve
dans lequel Dieu exigeait le sacrifice de la jeune fille pour résoudre
le problème. Au milieu de la nuit, elle se jeta dans le four. Le
lendemain, quand le four fut ouvert, les poteries commandées étaient
faites. Pour ne jamais oublier cette fille, les ouvriers des haut-fourneaux
de Jingdezhen ont refermé le four en construisant une porte en
forme de fille.
Un autre genre remarquable est le Susancai ou « trois couleurs
». Les trois couleurs principales sont le jaune, le vert et le rouge-aubergine.
Sources :
http://fr.chinabroadcast.cn/
http://www.arttiques.com/about_history.html
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