Visite de Dossenheim-sur-Zinsel


Il y avait des échanges Est-ouest par le col de Saverne et Nord-Sud le long du piémont vosgien. On plantait des vignes sur les coteaux, car le vin était plus sain à boire que l’eau.

Le diocèse de Metz, à 130 km à l’Ouest, veut marquer sa présence en développant l’abbaye de Neuwiller. .. qui est devenue une église protestante. En 836, les restes de Saint Adelphe, prélat messin du IVe siècle, sont translatés en grande pompe dans l'église abbatiale de Neuwiller, dans le but de marquer plus encore son territoire et d’attirer des pèlerins, de Basse-Alsace et même d'Outre-Rhin.
1250 : c’est la fin des croisades. L’église en sort appauvrie. Elle revend des terrains de son domaine, et notamment des terrains du château de Herrenstein, mis en baillage. Le château assure la protection de la ville. Le village a la particularité d’être construit en cercle autour de l’église : l’enclos encerclant l’église est le cimetière, avant de devenir le nom de l’enclos où on enterre les morts. Contre le mur d'enceinte s'appuient, sur sa face intérieure, de petites constructions, appelées : gaden, cellaria ou encore Keller. En cas de danger les habitants se réfugient à l’étage construit en colombage, avec les biens qu'ils peuvent rapidement emporter. On accède au cimetière fortifié par une tour-porte où sont entreposées les armes.
Il n’y avait pas de puits dans les maisons, ce qui laisse supposer que leur occupation ne fut d’abord que temporaire. Mais dès XVIème siècle le cimetière fortifié est habité en permanence. Au tournant des XVIIème et XVIIIème siècles dans un mémoire relatif à la valeur militaire des sites d'Alsace, le mur d'enceinte est décrit "haut de 18 pieds et épais de 3, garni de créneaux, les bâtiments alentour à la hauteur du dit mur, desquels bâtiments on tire à couvert". Une autre muraille comme une espèce de fausse-braye qui est haute de 4 pieds, laquelle est ruinée ne quelques endroits.

En 1525, la Réforme lancée par Luther se répand, soulevant un vent de libéralisme. La Bible est traduite en français. Les paysans en profitent pour réclamer plus de liberté. Les seigneurs y voient une menace et le roi envoie ses troupes mâter les insurgés. Ils se réfugient à Saverne et subissent un siège. Mais quand ils se rendent, au printemps, pour retourner aux champs, ils sont exterminés. 16.000 personnes sont massacrées Strasbourg n’a pas bougé. Sélestat subit le même sort : insurrection et massacre

En 1652, la ville de Dossenheim passe sous le contrôle d’un mercenaire d’originaire lituanienne, Reinhold de Rosen, ancien commandant des gardes du corps du roi de Suède Gustave Adolphe, nommé en 1649  général major de l’armée du roi Louis XIV en Allemagne et lieutenant général commandant sa cavalerie. Appauvrie par la Guerre de Trente Ans, la ville de Strasbourg lui cède le bailliage du Herrenstein pour 34.000 écus. Rosen ne reconnaît pas la souveraineté du roi et seulement, en 1685, son successeur, Conrad de Rosen, cousin et époux de sa fille aînée, reconnaît la souveraineté de la France sur sa seigneurie.

Louis XIV instaure le partage des lieux de culte entre catholiques et protestants : c’est le simultaneum. Il y a deux autels, un pour le culte catholique et un pour le culte protestant. Ici, le premier est au fond du chœur et le second sur le côté de la nef. On compte une cinquantaine d’églises doubles en Alsace.

PY Landouer, septembre 2010