Les croisades

Les croisades sont, en partie, une réaction à l'expansion des Turcs Seldjoukides au Proche-Orient (Syrie, Palestine), au milieu du XIe siècle. Elles sont également la conséquence de l'ambition des papes qui veulent étendre leur pouvoir politique et religieux. Leur succès auprès du peuple est rapide : bon nombre de croisés pensent que leur participation à la lutte contre les infidèles leur garantirait le salut de l'âme. C'est également un monde de guerriers dans lequel les perspectives et les ambitions sont associées aux exploits militaires. La littérature de l'époque est remplie d'exploits guerriers qui ouvrent les portes du salut ou de l'amour.
Itinéraires de la Ière croisade
Le pape Urbain II, qui prêche la première croisade en 1095 est originaire de Champagne (Châtillon-sur-Seine), ancien chanoine de Reims et grand prieur de Cluny. En réponse à son appel pour la délivrance de la Terre sainte, les armées chrétiennes levées en Flandres, en Lorraine, en Bourgogne ainsi que dans le sud de l'Italie, convergèrent sur Constantinople, où elles s'unirent aux forces d'Alexis Ier Comnène afin de reprendre tous les anciens territoires de Byzance conquis par les Turcs Seldjoukides. La reconquête de Nicée, d'Antioche puis de Jérusalem (1099) par les croisés permit la création du royaume de Jérusalem, ainsi que celle de la principauté d'Antioche, du comté d'Édesse et de celui de Tripoli.
La victoire est de courte durée :
Les forces musulmanes se reconstituent, sous l'impulsion d'Imad al-Din Zanki, souverain de Mossoul et de Halab (aujourd'hui en Syrie septentrionale) et remportent leur première grande victoire sur les croisés en prenant la cité d'Égesse en 1144 et en dépeçant systématiquement l'État croisé.

  1. 1145 : la deuxième croisade, entreprise en réaction à la fin de 1145, attire de nombreuses recrues, dont le roi de France Louis VII et l'empereur du Saint Empire romain germanique Conrad III, mais elle échoue . La reine Aliénor d'Aquitaine accompagne son mari, Louis VII, mais des rumeurs sur l'infidélité de la reine se propagent : ce scandale, ajouté au fait qu'Aliénor n'a pas donné d'héritier à la France, permet à Louis VII d'obtenir, malgré la ferme opposition de Suger, sa répudiation en 1152.
    Le kurde Salah al-Din Yusuf al-Ayyubi, plus connu des occidentaux comme Saladin, se joignit à d'autres membres de sa famille (la dynastie des Ayyubides) pour servir son oncle Chirkoh l'atabeg d'Alep (Syrie), Nur al-Din. Entre 1164 et 1169, Saladin se distingua au cours de trois expéditions organisées par ce dernier, afin de protéger le califat fatimide décadent d'Égypte contre les attaques des Croisés chrétiens établis en Palestine. À la mort de son oncle en 1169, il lui succède au poste de vizir du calife fatimide du Caire. En 1174, Saladin prend la tête d'un État musulman qui s'étend du désert de Libye à la vallée du Tigre et entourait ce qui reste des États croisés. Il envahit finalement le royaume de Jérusalem à la tête d'une immense armée en mai 1187.
  2. Novembre 1187 : le pape Grégoire VIII proclame la troisième croisade. L'enthousiasme occidental pour cette expédition est universel, et trois grands monarques européens y participent : l'empereur du Saint Empire Frédéric Ier, le roi de France Philippe II Auguste et le roi d'Angleterre Richard Ier Cœur de Lion (1189-92).
    La croisade se révèle désastreuse dès le début, en grande partie du fait du manque de compréhension entre les deux rois. En Sicile, Richard se brouille avec Philippe et refuse, malgré les promesses faites, d'épouser la sœur de ce dernier. Finalement, Philippe et Richard atteignent tous deux la Palestine sans encombre, mais ils sont incapables de reconquérir Jérusalem et l'ancien territoire du royaume latin aux mains des musulmans.
  3. En 1208, le pape Innocent III proclame une croisade contre les albigeois, un mouvement hérétique du sud de la France. Cette croisade fut la première à se dérouler en Europe occidentale. Elle dura de 1209 à 1229, provoquant un bain de sang sans parvenir à éradiquer l'hérésie cathare.
  4. La quatrième, qui se déroula de 1202 à 1204, fut marquée par des problèmes financiers et le sac de Constantinople.
  5. La cinquième croisade (1217-1221) commence par la prise du port égyptien de Damiette, en 1219, mais ne poursuit pas la conquête de l'Égypte et du Sinaï, faute des renforts promis.
  6. La sixième croisade est confiée à l'empereur d'Allemagne Frédéric II (roi de Sicile à 3 ans, en 1197) que le pape a soutenu dans sa prise de pouvoir, face à Othon IV (1220). Mais Frédéric II a du mal à quitter le port de Bari. Exaspéré par ce retard, le pape Honorius III l'excommunie en 1227. La croisade se termine par une négociation avec le sultan d'Égypte, pour récupérer les villes de Jérusalem, Bethléem et Nazareth. Il se fait couronner roi de Jérusalem en 1229.
  7. Confiant la régence à sa mère, Blanche de Castille, Louis IX (Saint-Louis) s'embarque à Aigues-Mortes pour l'Égypte et conduit la septième croisade. Il prend Damiette (1249) mais est vaincu et fait prisonnier à Mansoura (1250). Après avoir été libéré contre rançon et restitution de Damiette, il séjourne quatre ans en Syrie, où il établit des camps fortifiés et rachète un très grand nombre de captifs. La mort de Blanche de Castille (1252) le contraint au retour.
  8. Bien que cette croisade soit un échec, Louis IX décide de repartir et cette huitième croisade sera encore plus désastreuse. Le roi choisit Tunis comme cible principale dans le but, semble-t-il, d'attaquer l'Égypte pour venger la défaite de Mansoura. Le départ a lieu d'Aigues-Mortes, le 2 juillet 1270. Le 17, la flotte débarque devant Carthage, qui ne tarde pas à se rendre. Plutôt que de s'acheminer en direction de Tunis, le roi préfère attendre les renforts de son frère Charles d'Anjou. À la fin du mois de juillet, la peste se déclare dans les rangs de l'armée. Louis IX meurt le 25 août, au moment même de l'arrivée de son frère. Louis, monarque et chrétien fervent, fut canonisé par le pape Boniface VIII en 1297.

PY Landouer