Bobigny : la salle de mariages par Hervé Di Rosa

31, avenue du Président Salvador Allende
93000 Bobigny

La ville de Bobigny est sortie des cartons…. et de terre dans les années 1960. Il y avait alors  des maraîchers pour alimenter Paris, comme à Créteil. Bobigny et Créteil sont créées comme des villes nouvelles et dotées de la préfecture des nouveaux départements 93 (Seine Saint Denis) et 94 (Val-de-Marne). En 1971, la préfecture de Seine Saint Denis sort de terre.

La salle des mariages a été inaugurée le 12 mai 2006.
Elle a un éclairage particulier avec des fenêtres en quinconce qui renvoient la lumière sur des miroirs. On voit extérieur sans que l’extérieur voit ce qui se passe à l’intérieur.

Elle est née d’une suggestion d’un habitant formulée en 1998 lors d’une consultation comme la mairie en fait de temps en temps. Cet habitant trouvait la salle des mariages un peu triste ou sans intérêt. Le projet a été longuement débattu, puisqu’il s‘agit d’une dépense publique et il faut une majorité favorable pour engager la dépense. Il y a eu des résistances au sein du conseil municipal, en raison du style novateur.

Pour comprendre le programme, il faut connaître les 3 thèmes de la ville de Bobigny :
- ville monde, car elle est peuplée de 80 nationalités,
- ville cœur, car elle est au cœur du département et en signe aussi de la générosité de ses habitants ; le maire est communiste depuis 1920.
- Bobigny pour tous et par tous, et notamment mixité de l’habitat, locatif et en propriété.

L’artiste retenu est Di Rosa. Il s’est fait connaître grâce à une exposition en 1982.
«Tout est né d'une rencontre avec l'artiste Hervé Di Rosa, il y a quelques années», a dit le maire, M. Birsinger.
De cette époque, on se souvient des grands poufs dans les quels on s’effondre sans pouvoir se relever ! Poufs multicolores. Cela explique le style très coloré des chaises en plastique.

Di Rosa est originaire de Sète et y fonde son musée. Une petite fille un jour s’est exclamé devant ses œuvres : « oh c’est beau l’art modeste », voulant dire « art moderne ». Le mot reste un peu comme « Impression » a donné « impressionnistes ». Le musée s’appelle MIAM, Musée international des Arts modestes.

Peintre sans frontières, il est ouvert sur le monde : il travaille avec des artisans en Bulgarie, en Afrique, à Cuba, au Vietnam, en Israël, à Miami où sa femme est nommée consul de France, et dans d’autres contrées. Di Rosa explore auprès des artisans du monde toutes sortes de techniques, la céramique, la peinture sur tissus, les laques au Vietnam, le bronze en Afrique, l’aquarelle….
Dans l'atelier d'Olivier Haligon, à Miami, Hervé Di Rosa apprend à mouler la glaise et à fabriquer des créatures extraordinaires. Arrière petit-fils de Louis Haligon qui participa à la construction de la Statue de la Liberté, Olivier Haligon est artisan au service de l'artiste pour créer des statues en polyester stratifié en nombre limité, à partir d’un modèle en terre. 

Ses œuvres se remarquent à leurs couleurs vives, criardes et gaies à la fois et aux formes douces, arrondies, comme des meubles de maternelle ou des objets de bandes dessinées. Hervé Di Rosa se définit comme fils de Spirou et de Matisse !
Di Rosa a fait d’autres commandes publiques, notamment pour l’Assemblée nationale.

Description de la salle des mariages :
Au milieu du mur du fond bleu-blanc-rouge, dans la niche, la Marianne de Founbam peut surprendre parce qu’elle est de type africain. D’ailleurs, elle a été réalisée à Founbam, au Cameroun, en bronze à la cire perdue, selon une technique très ancienne des bronziers de cette région. Elle porte deux paires d’yeux, ceux du haut pour voir loin, ceux du bas pour voir les personnes en vis-à-vis.

Le fauteuil du maire est une grande statue de la République au visage allongé, au drapé solennel et à la poitrine un peu rigide pour la personne qui s’y adosse. Dans le premier modèle, elle avait les yeux fermés. Inacceptable dit la critique : on dirait une femme soumise et Dieu sait qu’il peut y en avoir, des femmes soumises à Bobigny, dans telle communauté ou telle autre. Ouvrons lui les yeux, fichtre, diantre.
La table est rouge, couleur de l’amour, initialement en forme de cœur avec la pointe qui pouvait séparer les mariés. La pointe est donc arrondie comme sur les feuilles de certains arbres, feuilles dites en cœur (tilleul, arbre de Judée). En définitive, elle se veut «large et trapue, pour symboliser la solidité de l'institution devant laquelle les amoureux se présentent».
Quant aux sièges, ils sont aussi en forme de cœur, pour que l’amour soit omniprésent. Ils sont sortis de l’atelier de Haligon.
Bobigny n'a pas oublié les unions homosexuelles : deux «chaises hommes» et deux «chaises femmes» pour asseoir les couples homos.
Au fond, des tags, des toiles et des vitrines remplies de peluches, de poupées, de statuettes de mariés du monde entier, et de photos de mariages de célébrités et de gens modestes.
Et dans le couloir d’accès sont exposées les lithographies de divers artistes que la municipalité offre à chaque couple.
On se retourne une dernière fois sur une peinture fresque énigmatique : Transparence, de François Boirond. De loin, c’est une scène italianisante, un gentilhomme conte fleurette à la demoiselle qui flotte dans une barque au bord d’un lac de près apparaissent par enchantement des personnages, la mairie, le tramway, la ville de Bobigny.

 

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